Techniques et styles

Il n'existe pas une technique vocale qui s'imposerait à tous, mais des techniques vocales plus ou moins appropriées au répertoire abordé.

C'est justement quand votre technique est inapropriée au répertoire pratiqué que l'enseignant en chant vous sera utile !

Le chant lyrique

En chant lyrique, la technique est étroitement liée aux contraintes musicales et techniques.

En premier lieu, la nécessité d'être entendu dans une grande salle et de ne pas être couvert par l'orchestre implique une projection et un soutien importants.

En chant lyrique, les femmes chantent en voix de tête. La voix de poitrine n'est utilisée que pour des effets dans le grave de la tessiture.

Les hommes chantent majoritairement en voix de poîtrine, excepté les contre-ténors dont la technique vocale est comparable à une mezzo-soprano.

Les hommes, et à un moindre degré certaines voix graves de femmes, pratiquent souvent dans l'aigu ce qu'on appelle la couverture vocale. Pour comprendre l'intérêt de ce geste, il suffit d'expliquer que, plus on va vers l'aigu, plus le larynx monte, alors que justement, l'émission de l'aigu demande un espace pharyngé important. La couverture consiste donc à limiter l'ascension du larynx. Cette pratique modifie plus ou moins le timbre de la voix : c'est une signature du chant classique. Elle permet notamment d'atteindre des notes très élevées sans passer en voix de tête. Elle permet également de réaliser des aigus piano bien timbrés.

Jusqu'au début du 20ème siècle, les castrats utilisaient la voix de tête. On peut définir un castrat en disant que c'est une voix d'enfant tonifiée par une musculature adulte. Le résultat sonore ne ressemble en rien à tout ce qu'on peut entendre aujourd'hui, et surtout pas à un falsettiste. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter l'unique enregistrement dont on dispose : celui du castrat Moreschi, qui a terminé sa carrière comme chanteur à la chapelle Sixtine dans les annèes 1900.

Une des caractéristiques du chant lyrique est d'utiliser ce qu'on appelle le singing-formant. Cette technique, également employée par certains orateurs, permet une amplification importante des fréquences du medium. Elle permet, comme on dit, de passer l'orchestre.

Le belting

Il implique l'utilisation de la voix de poitrine avec laquelle on essaie d'aller le plus loin possible vers l'aigu. La larynx est plutôt haut. La voix est très timbrée. Cette technique a plusieurs conséquences :

⇛ Le volume sonore est d'autant plus important qu'on va vers l'aigu. Les sons doux ne sont pas possibles

⇛ Le soutien est important, d'où le nom de belting.

⇛ Le spectre sonore est marqué par les harmoniques aigües du fait de la position haute du larynx qui réduit l'espace pharyngé.

Le belting est né dans le milieu de la comédie musicale : les chanteuses étaient en recherche d'un moyen permettant d'aller vers l'aigu sans pour autant quitter la voix de poîtrine. Écoutez Ethel Merman dans les années 1950 :

Le belting est plus utilisé dans le monde des musiques actuelles anglo-saxonnes, notamment aux États-Unis. La recherche de brillance et la tendance naturelle de beaucoup d'américains à la nasalité entraîne chez les chanteurs et surtout les chanteuses qui pratiquent cette technique, une émission nasale.

La voix de la chanson française

Jusqu'aux années 1950, les chanteurs se produisent fréquemment sans sonorisation. c'est l'époque des « chanteurs à voix ». Ce qui implique un minimum de maîtrise technique et de projection vocale. Au fil des années, les interprètes tirent parti de l'amplification puis de l'ensemble des procédés offerts par la technique.

Historiquement, la voix de la chanson française est centrée sur le rapport au texte. La bonne compréhension est essentielle. La voix parlée n'est jamais loin. Elle est fréquemment utilisée pour des effets.

Ce credo explique pourquoi la majorité des chanteuses et chanteurs s'est longtemps maintenu dans une tessiture limitée certes, mais qui permet une diction facile. A partir des années 1970, cette spécificité s'est diluée dans les influences anglo-saxonnes.

Aujourd'hui diverses tendances très opposées cohabitent : de la voix soufflée peu durable à des voix plus toniques liées à l'univers des musicals.

La voix du jazz et de la musique soul

Chez les grandes chanteuses de la fin du 20ème siècle, le registre de poîtrine est la norme, mais l'aigu en registre de tête est fréquent, pour le scat notamment.

Aujourd'hui, elle a beaucoup évolué. Il n'est pas sûr qu'Ella Fitzgerald se retrouverait dans la vocalité des derniers albums de jazz parus. La vocalité traditionnelle cohabite avec la voix soufflée.

Le twang

C'est le nom que l'on donne en musique actuelle au singing-format, très apprécié en gospel notamment.

La voix saturée

Dans certains milieux musicaux (rock et métal notamment), on recherche des effets spectaculaires. C'est ce qui a amené à redécouvrir une pratique en vigueur dans certaines musiques traditionnelles depuis la nuit des temps : la voix saturée. Rien ne se crée !

La voix saturée plonge ses racines dans des pratiques musicales très anciennes. Voici de la musique traditionnelle sarde.

Dans les années 1970, certains groupes rock ont été précurseurs. Voici Les Who :

D'autres chanteurs l'ont utilisée, entre autres Michael Jackson, Louis Armstrong, Tom Waits, Chris Cornell. Voici un exemple récent :

L'utilisation du mécanisme 1 (fry)

Il procède du même goût pour l'exotisme vocal. Pouvoir aller au-delà des limites graves de la voix de poîtrine, pour un chanteur solo, n'est possible qu'avec une amplification. L'expression d'un texte est peu convaincante.

N'oubliez pas qu'avant de réaliser des effets spécifiques à certains styles musicaux, il est nécessaire d'avoir une bonne maîtrise de la respiration et de la voix en général.

Les limites du travail vocal

La multiplication des innovations techniques permet aujourd'hui d'être entendu quelles que soit les caractéristiques du signal original. Vous pouvez donc tout à fait considérer qu'il est parfaitement inutile de travailler sa voix.

C'est une question d'amour-propre et de perspectives de carrière. Vous vous extasiez devant les possibilités logicielles de correction de la justesse ? Si le résultat final ne découle que de la compétence des techniciens, ne vous étonnez d'être un jour remplacé par une voix de synthèse.

Mis à jour le 18-03-2025